Les conséquences de la COVID-19 : l’Albanie

Six organisations locales de femmes soutenues par ONU Femmes et l’UE ont assuré l’accès à la justice pour les survivantes de violences domestiques

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Avant même le début de la pandémie de COVID-19, 243 millions de femmes et de filles dans le monde ont été victimes de violences de la part de leur partenaire intime au cours des douze derniers mois. Depuis la pandémie et les mesures de confinement, les pays du monde entier ont constaté une augmentation alarmante des cas signalés de violence contre les femmes, en particulier de violence domestique. ONU Femmes travaille aux côtés des femmes de première ligne qui, chaque jour, répondent à la pandémie fantôme de violence contre les femmes et les filles. « Les conséquences de la COVID-19 » vous livre quelques-unes de leurs histoires et explique comment nos programmes favorisent des solutions qui ne laissent personne pour compte.

A survivor of domestic violence talking to Gentjana Zeneli, lawyer working for Human Rights in Democracy Center. Photo: UN Women/Ed Pagria
Jana Kote avec Gentjana Zeneli. Photo: ONU Femmes/Ed Pagria
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Pendant le confinement, la situation a été pire que jamais. Il buvait toute la journée à la maison, devenait plus agressif et violent. Certains jours, nous n’avions rien à manger. Parfois, il donnait de l’alcool à nos trois fils, le plus jeune étant âgé de 6 ans et le plus vieux de 11 ans. Un jour, il nous a mis à la porte et a vendu notre bétail pour pouvoir continuer à boire. 

Il y avait des jours où j’espérais que nos vies se terminent, une fois pour toutes.

Il y a quelques mois, un de mes fils a filmé les épisodes de violence. J’ai pu utiliser cela comme preuve et signaler mon mari à la police. Ils ont émis une ordonnance de protection et m’ont immédiatement mise en contact avec le Centre des droits de l’homme dans la démocratie.

Le centre m’a aidée dans les procédures judiciaires afin d’obtenir une ordonnance de protection pour mes enfants et de recevoir un soutien psychologique et une aide économique. L’organisation a été à mes côtés à chaque étape tout au long de ces derniers mois. Elle m’a aidée plus que toute autre personne au monde, plus que ma propre mère, plus que Dieu. »


ONU Femmes répond par des programmes sur le terrain

Jana Kote* et ses trois enfants ont vécu avec un mari et un père violent pendant 12 ans jusqu’à ce qu’ils reçoivent le soutien d’une organisation locale, le Centre des droits de l’homme dans la démocratie, basé à Tirana, la capitale de l’Albanie.

Pendant la pandémie de COVID-19, avec le soutien d’ONU Femmes et d’autres organisations, le centre a maintenu le contact avec les survivantes de violence domestique et a assuré la coordination avec les institutions et les autorités gouvernementales locales, telles que la police, le système judiciaire et les institutions de santé. De cette manière, il a pu prévenir l’interruption de ces services essentiels sur lesquels comptent les survivantes de la violence.

Leur coordination et leur soutien sont essentiels pour la sécurité des femmes. Par exemple, alors que les tribunaux albanais sont restés ouverts pendant le confinement, ils n’ont émis des ordonnances de protection que dans 36 pour cent des cas où les victimes ne pouvaient pas se présenter au tribunal. Des organisations comme le Centre des droits de l’homme dans la démocratie ont accompagné les survivantes tout au long du processus juridique, en veillant à ce qu’elles puissent accéder à la justice et aux services dont elles avaient besoin.

 Nous recevions des appels de la police à n’importe quelle heure pendant le confinement, demandant d’aider les survivantes de violences domestiques. Nous avons fourni une assistance juridique gratuite et une représentation en justice dans 128 affaires de mai à octobre », explique Gentjana Zeneli, avocate travaillant avec le Centre des droits de l’homme dans la démocratie dans deux municipalités à la périphérie de Tirana. Cette organisation compte parmi les six organisations de la société civile partenaires du programme régional ONU Femmes-UE visant à mettre fin à la violence contre les femmes.

Pendant le confinement (de mars à mai), le nombre d’appels adressés à la ligne d’assistance téléphonique nationale a triplé par rapport au nombre reçu pendant la même période de l’année dernière, mais le nombre de signalements de violences domestiques à la police a été inférieur à celui de 2019. Le centre confirme que cette contradiction a tenu à la difficulté d’accès à la justice et au soutien pendant le confinement.

 « De nombreuses survivantes de violence ne connaissent pas leurs droits et ne demandent pas d’ordonnance de protection pour leurs enfants », a déclaré Gentjana Zeneli. Au cours des derniers mois, depuis que la COVID-19 a frappé l’Albanie, le centre a adapté ses services et a continué à former plus d’une centaine de professionnels, dont la police, les fonctionnaires locaux et les professionnels de la santé, afin de mieux répondre aux cas de violence contre les femmes et les filles. À la suite de ces formations, les professionnels de santé ont publié des rapports spéciaux qui aident les survivantes à obtenir des ordonnances de protection pour la première fois dans les municipalités.

*Le nom a été modifié pour protéger la personne.