Les conséquences de la COVID-19 : la Thaïlande

Pour les travailleuses et travailleurs de première ligne qui répondent aux appels passés au numéro d’urgence, la charge de travail a doublé, tout autant que leur propre stress émotionnel.

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Avant même le début de la pandémie de COVID-19, 243 millions de femmes et de filles dans le monde ont été victimes de violences de la part de leur partenaire intime au cours des douze derniers mois. Depuis la pandémie et les mesures de confinement, les pays du monde entier ont constaté une augmentation alarmante des cas signalés de violence contre les femmes, en particulier de violence domestique. Tandis que la COVID-19 continue de mettre à rude épreuve les services de santé et de compromettre nos économies et nos services essentiels, ONU Femmes travaille aux côtés des femmes de première ligne qui, chaque jour, répondent à la pandémie fantôme de violence contre les femmes et les filles. « Les conséquences de la COVID-19 » vous livre quelques-unes de leurs histoires et explique comment nos programmes favorisent des solutions qui ne laissent personne pour compte.

Naiyapak Chaipan works for the 1300 Hotline, managed by the Thai government’s Social Assistance Centre that assists women seeking to leave abusive and violent situations.  Photo: UN Women/Younghwa Choi
Naiyapak Chaipan. Photo: ONU Femmes/Younghwa Choi
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« Comment puis-je vous aider ? Êtes-vous seule ? Restez en ligne s’il vous plaît », dis-je.

Le numéro d’urgence est disponible 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Pendant la pandémie, je peux à peine poser mon casque, car il y a des appels entrants toute la journée tous les jours, et j’essaie toujours de répondre à chaque appel. Nous ne pouvons jamais savoir ce qui arriverait à la personne qui appelle si nous tardions à répondre ou si nous manquions un appel.

Je fais partie d’une équipe d’opérateurs et de travailleurs sociaux travaillant pour le numéro d’urgence qui reçoit plus de 300 appels par jour, soit une hausse de 34 pour cent par rapport à la même période l’an dernier. Les femmes savent qu’elles peuvent nous appeler quand elles ont besoin d’aide.

De nombreuses travailleuses immigrées sont confrontées à la barrière de la langue. Beaucoup ne connaissent pas leurs droits et ne veulent pas divulguer leurs renseignements personnels ni nous dire où elles se trouvent. C’est particulièrement le cas des femmes immigrées sans papiers. Elles ont peur d’avoir affaire aux autorités et d’être potentiellement arrêtées, et elles sont par conséquent encore plus exposées au risque de violence et d’abus. Toute femme confrontée à la violence devrait être assistée et protégée, quel que soit son statut d’immigration.

Le Programme de sécurité et d’équité a récemment organisé un atelier pour les membres de notre équipe du service d’assistance téléphonique, afin de nous montrer comment améliorer nos connaissances et notre expérience dans la façon de traiter les cas de violence basée sur le genre. L’atelier a été particulièrement utile pour les nouveaux membres de l’équipe qui se sont joints à nous pendant la crise de COVID-19.

Je suis transgenre, et de nombreuses interlocutrices ne sont pas convaincues que je peux les aider. Certaines d’entre elles m’ont même dit que j’avais besoin d’aide pour « réparer mon sexe ». Mais finalement, elles changent d’avis quand elles se rendent compte que je peux leur fournir le soutien dont elles ont besoin. Quand ma journée de travail se termine, je suis satisfaite de savoir qu’elles se sentent habilitées, qu’elles savent où chercher de l’aide, et qu’elles comprennent que ce qui leur est arrivé n’était pas de leur faute.

Ce que j’aime dans mon travail, c’est que tout le monde partage le même objectif : les personnes qui appellent sont la priorité et nous devons les aider à obtenir l’aide dont elles ont besoin. Nous nous respectons les uns les autres au sein de l’équipe.

La COVID-19 est un défi pour nous toutes et tous. Nous avons dû nous doter de nouvelles connaissances et compétences pour faire face à la crise. Avec l’augmentation du nombre d’appels dans une situation où les capacités sont limitées, bon nombre de nos opérateurs du service d’assistance téléphonique ont commencé à montrer des signes de stress et d’épuisement professionnel. Nous écoutons des centaines de cas sensibles chaque jour, le stress s’accroît au fil du temps, et il est important de reconnaître que les travailleurs de première ligne ont également besoin de repos.

Nous avons l’habitude d’aider les autres ; et les travailleurs de première ligne ont souvent du mal à demander de l’aide eux-mêmes. »


ONU Femmes répond par des programmes sur le terrain

Naiyapak Chaipan travaille pour la Hotline 1300, le numéro d’urgence géré par le Centre d’assistance sociale du gouvernement thaïlandais qui aide les femmes cherchant à quitter des situations de violence et d’abus. Madame Chaipan a deux fois plus de travail depuis que les mesures de confinement et les restrictions de déplacement mises en place pour faire face à la crise de COVID-19 forcent de nombreuses femmes à rester confinées auprès de leurs agresseurs dans leurs domiciles. Comme dans de nombreux autres pays, le numéro d’urgence est devenu une plateforme absolument essentielle qui renseigne et oriente les survivantes vers les services d’aide dont elles ont besoin.

La Hotline 1300, gérée par le ministère du Développement social, travaille avec le Programme de sécurité et d’équité pour veiller à répondre de manière respectueuse et sensible aux survivantes qui appellent et à les orienter de manière efficace.

Le programme fait partie de l’Initiative Spotlight visant à éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles, une initiative mondiale pluriannuelle entre l’Union européenne et les Nations Unies. Celle-ci est mise en œuvre dans le cadre d’un partenariat entre l’Organisation internationale du travail (OIT) et ONU Femmes, en collaboration avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).